Je souhaiterais aujourd'hui développer ce sujet qu'est "la crise de la trentaine". Phénomène en vogue, mythe ou troubles réels, que se cache derrière cette formule bien connue et de plus en plus répandue?
Cela fait maintenant 2 ans que je pratique à Londres. Je propose mes services à la communauté française qui y est expatriée. Une tendance a rapidement émergé, au fil des mois je me suis surprise à recevoir une patientèle bien précise. En effet, j'accompagne majoritairement des femmes agées de 25 à 35 ans, confrontées à ce que la vie et les aléas du quotidien leur "offrent", tout ceci additionné des difficultés liées à l'expatriation.
Leur profil:
Dans un premier temps, décider de consulter n'est pas chose facile. Il est nécessaire de se remettre en questions, de confronter ses faiblesses, de s'avouer ses difficultés. L'exercice n'est pas évident surtout quand il s'agit de travailler avec une discipline souvent mal ou méconnue, l'Hypnose. Par tous ces aspects, les femmes que je rencontre en séances sont courageuses, investies, décidées et souhaitent tirer partie du meilleur que la vie a à leur offrir. Chacune d'entre elle a fait le choix de quitter son pays, ses amis, sa famille, son emploi, et de se lancer seule dans l'aventure de l'expatriation. Elles ont achevé leurs études, souhaitent "changer d'air", avoir une expérience professionnelle à l'étranger ou encore se lancer un défi. Quelque soit l'envie initiale, elles ont franchi les étapes, se sont affirmées à travers cette démarche, ont évolué professionnellement, sont aujourd'hui intégrées. Elles ont appris, muri, grandi... Mais sont-elles heureuses? Ont-elles "réussi"? De quoi dépend ce bonheur vers lequel elles sont parties en quête?
Pourquoi? Comment?
La société dans laquelle nous évoluons est une course acharnée vers le mieux, le meilleur, le plus performant, le plus productif et ce, quelque soit le domaine. Expatriation mise à part, les mêmes inquiétudes sont bien entendu présentes sur notre territoire, chez les femmes mais les hommes également.
Pour réussir professionnellement, "il faut" faire de bonnes études, se construire un cv robuste, apprendre de ses différentes expériences, faire ses preuves dans chacune d'entre elles, construire son plan de carrière... Socialement, "il faut" sortir, découvrir, faire des rencontres, développer un réseau de connaissances, copains, amis; connaitre les coins branchés, avoir la ligne, être inscrite à l'activité yoga/fit/méditation tendance du moment et autre, pour ainsi être à la "hauteur" des conversations mondaines. Personnellement "il faut" être heureux bien sur! Heureux devant son entourage Londonien: "Ils y arrivent pourquoi pas moi?", heureux devant ses proches restés en France: "Je n'ai pas fait tout ça pour être malheureuse", "Je ne vais pas me plaindre j'ai la chance de vivre à Londres, et puis c'était mon choix de tout quitter", "Je ne peux rien dire à mes parents, ils risqueraient de s'inquiéter"... Enfin, amoureusement, à trente ans "il faut" être casée.. et bien casée, avoir trouvé le bon, pouvoir parler projet ensemble, être sur la "même longueur d'ondes"..
Tout s'accélère, et si ces jeunes gens ne suivent pas le mouvement, ne se fondent pas dans le moule, ne sont pas dans la norme, alors "tout est perdu", et leurs efforts vains...
Dépeint de cette façon, cela peut paraitre exagéré, grossi, caricaturé, mais au risque de vous surprendre, ça ne l'est pas.. Voici ici l'ensemble des préoccupations que je recueille chaque jour. Derrière tous ces questionnements, face à ce que "le Monde attend de nous", bon nombre de ces jeunes femmes se retrouvent paralysées, prises au piège, ce piège que l'on appelle à tort ou a raison: "la crise de la trentaine". Cette "crise" englobe toutes les obligations auxquelles elles se soumettent. À trente ans, ce qui a été cité plus haut "doit" être fait, acquis, acté... Sous peine de ne pas se conformer aux exigences des autres, ou à ses propres attentes.
Mon conseil:
À cela je réponds non! Je réponds que la vie ne se résume pas à un tas de devoirs "pour faire bien" face aux yeux du Monde. Il est important de travailler sur vos croyances, vos valeurs pour venir à bout des obstacles qui encombrent votre chemin et vous empêchent d'avancer vers votre destinée, celle qui sera la plus heureuse, pour vous, selon vos règles à vous.
Aussi, cessez de penser que vous êtes seules dans ce cas, bien au contraire! En collaboration avec ma collègue Dalila Hammoud Pilot, psychologue clinicienne, nous proposons des ateliers destinés à ces femmes en pleine remise en question. Le but est biensur de les conseiller, orienter et accompagner dans leur épanouissement personnel, mais également de leur permettre de se retrouver pour s'aider les unes les autres, se soutenir, se conseiller, et apprendre de leurs expériences réciproques. Si cette crise a un nom, c'est qu'elle est belle et bien réelle. Si tel est le cas, se confier et pouvoir sans libérer au moins par la parole est recommandé! Soulagez le poids, libérez les tracas et confiez-vous aux personnes en qui vous pouvez avoir confiance. Elles ont peut-être connu les mêmes tracas, pourront vous conseiller, vous aurez à votre tour sans doute des recommandations à leur faire, car oui, vous avez en vous des réponses à leur apporter en retour.
Dans un second temps, il va être important de prioriser. De prendre en considération tous les domaines de votre vie et d'établir des colonnes "+" et "-". Dans ce tableau vous placerez ce que vous qualifiez de réussites ou d'échecs, de forces ou de faiblesses, d'envies ou d'obligations, puis vous vous poserez la question suivante: "Parmi mes réponses, quelles sont celles qui ne dépendent que de moi?" par extension: "Quelles sont celles qui ont été dictées par mon entourage, mes proches, la société?". Répondez-y le plus honnêtement possible. Cet exercice simple vous permettra d'écrire noir sur blanc ce qui vous préoccupe, de le conscientiser, pour ainsi le traiter. Vous pourrez également constater que sont annotées bon nombre de vos qualités, réussites, et compétences. Dans le flot de pensées parasites auxquelles vous faite face, il n'est pas souvent évident de s'y retrouver. Avec cet outil, vous pourrez travailler et mettre de l'ordre étape par étape, comprendre et contrôler ce sur quoi votre action est requise et préférée à celle des autres. C'est la troisième étape, décider de changer. De vous retrouver, de vous recentrer sur vos envies, votre essence, votre vrai vous. Guérir les blessures du passé, travailler sur ces certitudes bien ancrées qui vous empêchent parfois d'avancer. Mettre tout à plat pour repartir du bon pied.
Pour conclure:
La personne la plus importante dans votre vie c'est vous, la plus facile à satisfaire et contenter c'est vous, parce qu'elle est celle que vous connaissez dans ses moindres détails, celle avec qui vous avez grandi, traversé les victoires, les triomphes, dépassé les obstacles, les difficultés et avec qui il y a des chances que vous passiez tout le reste de votre vie...! Faites donc les meilleurs choix pour elle, pour vous.
Oui la "crise de la trentaine" existe, se répand de plus en plus et se justifie certainement par certains aspects, mais elle n'est pas inévitable ou infranchissable. Inversez la tendance, faite de cette "crise" un apprentissage, un levier pour vous épanouire et vivre ce a quoi vous aspirez, la vie à laquelle vous êtes destinée. Pour vous et rien que pour vous!
